Depuis 2016, Peace Direct travaille dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC) avec le Beni Peace Forum (BPF) basé au Nord-Kivu, un réseau de 16 organisations de consolidation de la paix et de défense des droits de l'homme opérant dans toute la province.

Le BPF soutient un réseau d'alerte et de réponse rapides par la formalisation de 16 comités de protection locaux (CPL), composés de membres élus de la communauté (dont au moins une femme dans chacun d'entre eux, et en tenant compte de l'ethnicité et des groupes indigènes).

Ancré dans la communauté, le réseau EWER soutenu par les CPL a permis à BPF de partager des informations fiables et en temps réel avec les principaux acteurs de la sécurité et de l'administration opérant dans l'est de la RDC, notamment les Forces armées (FARDC), la Mission de stabilisation de l'Organisation des Nations unies en République démocratique du Congo (MONUSCO), la police et les autorités locales et provinciales. Le BPF a répondu à des risques spécifiques en organisant des "dialogues de paix" : il s'agit de réunir les parties éventuellement en conflit pour désamorcer les tensions, en vue de prévenir la violence. Dans un cas, le Forum a pu prévenir la violence et responsabiliser les forces de sécurité en réunissant des groupes de jeunes activistes menaçant de recourir à la violence lors des manifestations (en réponse à l'assassinat d'un camarade lors d'une manifestation pacifique).

Plus récemment, la phase suivante du travail s'est concentrée sur le renforcement de la collaboration avec et entre les acteurs de la société civile et les communautés, ainsi qu'avec les principaux décideurs locaux et provinciaux. Grâce à un nouveau financement, Peace Direct, BPF et RISD ont conçu cette phase de manière à relever deux défis principaux qui ont entraîné des efforts de prévention des conflits inefficaces ou inadéquats : 1) les lacunes dans l'analyse des conflits locaux au niveau communautaire/micro dans le territoire de Beni, et 2) les lacunes dans la coordination et la collaboration des acteurs de la prévention des conflits et de la consolidation de la paix.

Pour répondre à une lacune pré-identifiée, nous avons renforcé les compétences des LPC en matière de collecte et d'analyse des données afin de mieux saisir la dynamique des conflits locaux par le biais de la recherche, de manière à améliorer la rapidité et la pertinence de la réponse précoce. Les résultats ont abouti à un rapport d'analyse des conflits locaux (ACL) mettant en évidence les facteurs de violence et de conflit entre les communautés dans différentes municipalités de la région de Beni et ont été partagés lors de rassemblements communautaires.

Pour combler les lacunes liées au manque de coordination des acteurs dans le territoire de Beni, nous avons réuni des représentants des CLP, des gouvernements locaux, de la société civile (y compris les femmes, les jeunes, les minorités ethniques et les groupes indigènes) et des acteurs de la sécurité pour discuter des obstacles à une coordination efficace entre les acteurs de la prévention des conflits. S'appuyant sur le rapport de l'ACV, les participants ont formulé des recommandations concrètes pour améliorer leur coordination. Cinq activités ont ainsi été pilotées dans les communautés, puis évaluées par les mêmes participants. Les prochaines étapes consisteront pour les participants à améliorer et à adapter ces initiatives pilotes.

La méthodologie qui sous-tend ce processus est la recherche-action participative (RAP) qui soutient une boucle d'apprentissage qui s'appuie sur les mécanismes existants (LPC) et centre les acteurs locaux en tant que parties prenantes clés pour déterminer les priorités afin d'améliorer la collaboration en matière de prévention des conflits au sein de leurs communautés. À mi-parcours du projet, les résultats positifs de cette approche sont déjà évidents dans les niveaux d'engagement de divers représentants dans l'atelier et dans la participation aux activités pilotes, qui établissent ou renforcent les mécanismes de partage d'informations dans le but de restaurer la confiance et la collaboration entre les membres de la communauté et les représentants des autorités locales et des forces de sécurité.

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